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La littérature du sous-sol
21 mai 2009

Avoir 38 ans, ça veut dire quoi?

                                                    Mn_21

  A 38 ans, Blaise Pascal sentait qu'il ne pourrait pas mener à bien sa grande entreprise de l' Apologie de la religion chrétienne. Le solitaire de Port-Royal estimait que dix années lui seraient encore nécessaires, mais la vie ne lui en accordait qu'une de plus, agrémentée de maux de tête de plus en plus insupportables.

  A 38 ans pile, Guillaume Apollinaire met à profit une permission estivale pour travailler sur un livret d'opéra-bouffe et une pièce de théâtre. Deux mois et demi après, il aura l'occasion d'observer de près les effets de la grippe espagnole.

  A 38 ans, la carcasse amputée d'Arthur Rimbaud pourrissait quelque part sous la mauvaise terre de Charleville. Quant à Jules Laforgue, la décomposition de sa spleenique dépouille était autrement plus avancée, puisque décédé phtisique 11 ans avant son anniversaire. Sans parler d'Alain Fournier, définitivement amoché au champ d'honneur une bonne décennie avant d'avoir la prétention de souffler 38 bougies.

  A 38 ans, Michel Tournier n'avait pas encore écrit son premier roman Vendredi ou les Limbes du Pacifique; et non seulement il n'avait encore rien écrit de valable, mais il sortait même à grand peine, de son propre aveu maintes fois répété, de l'état d'attardé mental. Bernanos de son côté va pouvoir arrêter de faire l'agent d'assurance gare-train-café-train-gare-café: à 38 ans paraît Sous le soleil de Satan.

  A 38 ans, la princesse née Pocahontas était morte Rebecca depuis belle lurette.

  A 38 ans, le vieux Fontenelle allait encore vulgariser, moderniser et ironiser pendant 62 ans. La vache.

  A 38 ans, Victor Hugo, déjà riche de multiples pièces, romans, recueils et essais, pas encore académicien mais ça ne saurait tarder, culbute assez régulièrement Juliette Drouet et ne trouve rien à redire quand sa fille Léopoldine monte sur une barque.

  A 38 ans, François Bégaudeau, en pleine forme quoique si souvent critiqué, a la joie et l'honneur de voir son nouvel opus publié aux éditions Verticales: Vers la douceur. Le chapitre intitulé "un connard" en donne une idée assez exacte.

Ouais, bon. On va dire que 38 ans, c'est bien.

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Commentaires
M
@ Christian: petit cachotier petit cachotier, je n'étais pas caché au fin fond de l'Amazonie non plus. Heureux de te revoir ici, noble presbyte au regard perçant! (tiens je relisais, il y a quelques jours, ton article sur l'effet Barberine. Toujours excellent!)
C
A 38 ans, j'avais déjà entendu des "tu verras quand tu auras...", à 38 ans, je n'avais toujours rien vu. Quelques années plus tard, ça ne s'est pas arrangé avec cette presbytie galopante. <br /> <br /> Enfin... j'ai retrouvé ton blog, petit cachotier.
M
@ Don Lo: mon pauvre vieux! Oui oh, redoubler chez Mnémos, il y a pire comme parcours erratique :)<br /> <br /> @ Gondolfo: non mergitur, absolument, kamarad! En vrai, je suis assez content d'avoir 38 ans, ce n'est pas encore un âge trop honteux. (je ne dirai plus ça à 39)<br /> <br /> @ koala sexologue: je reconnais bien là tes préoccupations idéalistes. Eh bien, soit dit en toute modestie, malgré 38 ans d'usure, ce qui peut ou doit s'ériger s'érige toujours opportunément. Je repasserai pour une consultation dans 20 ans.
L
Je ne voudrais pas casser l'ambiance par une réflexion inepte et d'une utilité douteuse, mais 38 ans, assez souvent, c'est l'âge des premières difficultés érectiles.<br /> ...<br /> Non ?<br /> Ben pourvu que ça dur(e).<br /> <br /> (bof :-/)
G
Oopss c'est la cire des bougies qui doit pleurer à cette heure ! Courage fuyons mais la nave va et fluctuat non mergitur l'ami.
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