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La littérature du sous-sol
17 avril 2009

Confessions d'un primo-romancier

     Coucher_de_soleil

      Reprenons.

     A tout seigneur tout honneur: avant de repartir dans les extraordinaires contrées de la littérature des autres, quelques mots sur le destin assez peu fascinant, mais destin quand même, de mon premier roman: Confessions de Satan.

     Presque six mois après sa sortie, passé de mains en mains et de mains en étagères oubliées, il a fait son bout de chemin bravement, intriguant quelques proches et apitoyant quelques éloignés, les uns et les autres suffisamment sociophiles pour me faire part de leurs impressions diverses. Il est donc possible de se livrer à un premier bilan, qui sera sans doute le dernier.

     Je passe sur les avis positifs, encourageants, résolument bienveillants d'un certain nombre de lecteurs. Je passe également, par nécessité, sur les avis non formulés, silence ou embarras que je comprends parfaitement, parce que pfuiii que dire? ou comment le dire quand c'est plutôt désagréable? autant se taire. Restent les remarques critiques par blogs, par mails, de vive voix, celles qui m'intéressent le plus ici et maintenant, parce qu'elles entrent dans la délicate alchimie qui donnera peut-être naissance, d'ici quelques années, à mon deuxième roman (la pierre philosophale, j'ai renoncé).

      Or donc il apparaît que ce simili-diabolique récit manifeste à la fois trop et pas assez d'ambition. Dans mon idée, il s'agissait d'écrire un roman  1) qui se lit facilement, au rythme vif, partant d'un point A jusqu'à un point B   2) avec un ton satirique à peu près constant   3) jonglant avec l'imagerie galvaudée de la figure satanique   4) proposant une vision du Mal ordinaire  5) glissant de la légèreté vers la gravité  6) qui derrière la linéarité de façade recèle une structure plus subtile   7) dissimulant l'essentiel dans les digressions  8) avec des personnages en apparence simplistes mais dotés, pour les plus importants, d'une psychologie tortueuse.

     Ce qui nous donne au final 1) la possibilité de zapper les digressions perçues comme des parenthèses inutiles  2) une intrigue-prétexte policière très relâchée   3) une hésitation entre le roman "sérieux" et la joyeuse série B à deux doigts de la Z  4) des personnages fort peu attachants  5) des clichés habilement contournés pour se jeter à pieds joints dans d'autres clichés  6) une impression générale de superficialité   7) des pistes si secondaires, des résonances si discrètes et des subtilités si subtiles qu'elles ne sont aucunement perceptibles  8) une couverture orangeâtre jugée à l'unanimité hideuse (ça, à la limite, je n'y suis pas pour grand-chose).   

     Pour plus de détails, les critiques de Myriam (la plus indulgente), Dahlia (la plus dure), Michel (le plus virilement amical), Thaïs (la plus sympathiquement consciencieuse), Wrath (la plus chproutz). Et un grand merci également à Pibole, Christian, Thierry, Arnaud, Nathalie, Gérard, Marie-Jo, Cathie, Anne (x3), Romain et toi que j'ai oublié, puisses-tu me pardonner.

     PS: pour ceux qui commenceraient à se dire qu'ils ont affaire à un hyper dépressif phase terminale, je rassure: je me sens au contraire en grande forme; le bilan auto-critique est, il est vrai, une activité peu pratiquée par les écrivants-blogueurs; je pense qu'ils ont tort.

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Commentaires
A
"le" tréfonds, pardon (j'ai par ailleurs laissé pas mal de fautes dans le com précédent, je m'en excuse : les enfants à aller chercher à 4h)
A
Hélas non, malheureux, cette bouteille était conservée depuis longtemps dans les tréfonds de ma cave, et n’avait donc pas de prix (j’exagère…) Je me suis simplement contenté de remonter le long du chaînon des (ir ?)responsabilités individuelles, et me suis rendu compte que, que ce soit auprès de la poste, des services de livraison, du service de réclamation (national et départemental), puis de la gendarmerie et enfin de la police nationale, personne n’en avait rien à foutre de ma bouteille. Je ne peux donc pas t’en vouloir, magnanime écrivain, de ne pas t’en soucier (j’en avais moi-même fait le deuil au moment où je l’ai vue disparue) mais sache que désormais, si tu te fais voler un colis par la poste dans ta propre boîte aux lettres (car ils sont les seuls (les livreurs) à détenir toutes les clefs dans nos immeubles), eh bien, tu peux t’asseoir dessus… (Encore que peut-être que du côté de Bourg-en-Bresse, ils soient plus honnêtes qu’en Seine-Saint-Denis ?...)
M
Ah mais je te vois venir, diabolique lecteur: tu veux donc que je te rembourse ta bouteille de vin blanc mystérieusement troquée contre un roman et ignorée par les instances policières (dit Marco qui a encore rien compris).
A
Oui, ils ont déjà changé la couverture, un peu moins « grumpy » : on ne peut pas tout leur demander, à ces pauvres éditeurs… En passant, une petite anecdote : j’ai mis un certain temps à me le procurer, parce que les délais de livraison m’avaient conduit à me reporter sur un pourvoyeur Internet (Fnac.com pour être précis), et le jour où ton livre m’est effectivement parvenu dans la boîte aux lettres, une bouteille de vin blanc que j’avais laissée par hasard à l’intérieur le temps d’aller faire une course avait disparu. Signe avant-coureur ou facétie du Malin ?... Je pencherais plutôt pour la vilénie du livreur… Toujours est-il qu’en allant porter plainte à la gendarmerie suite aux différents interlocuteurs de plateformes commerciales de livraison qui m’avaient asséné le rude jargon procédurier de leurs questions-réponses toute faites (« C’est la procédure, monsieur », répété cinq fois de suite avec une voix de stentor – Kafka est enfoncé depuis belle lurette !), je me suis vu répondre par une jeune policière aux charmes insulaires que c’était quand même un petit peu de ma faute, non, je n’avais pas à laisser une bouteille de vin dans ma boîte aux lettres, on n’a pas idée de tenter les livreurs comme ça !... Comme quoi le mal n’est peut-être pas où on le croit, comme tu l’a si bien dit, mais dans la faculté d’abaissement des individus de notre société devant les tentations de l’anonymat et la noyade dans l’arborescence des trombinoscopes d’entreprise - même chez les flics ils se sont défaussés, c’est devenu grave et je suis pas spécialement réactionnaire… Enfin bon je n’ai pas perdu mon âme contre un exemplaire des Confessions de Satan, mais une bouteille de vin blanc sec, y’a pas mort d’homme, donc, mais quand même un peu parcours du combattant ce jour-là, amusant périple sur les eaux molles du petite-couillisme contemporain, personne n’est responsable, personne ne soucie de rien – à part les romanciers, bien sûr !
M
Message bien reçu, chef.<br /> (ah ah, "jazzy", j'avais insisté pour qu'il soit retiré de la 4°, mais les éditeurs étant ce qu'ils sont...) (pour le reste, j'assume, bien obligé:)
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