Confessions d'un primo-romancier
Reprenons.
A tout seigneur tout honneur: avant de repartir dans les extraordinaires contrées de la littérature des autres, quelques mots sur le destin assez peu fascinant, mais destin quand même, de mon premier roman: Confessions de Satan.
Presque six mois après sa sortie, passé de mains en mains et de mains en étagères oubliées, il a fait son bout de chemin bravement, intriguant quelques proches et apitoyant quelques éloignés, les uns et les autres suffisamment sociophiles pour me faire part de leurs impressions diverses. Il est donc possible de se livrer à un premier bilan, qui sera sans doute le dernier.
Je passe sur les avis positifs, encourageants, résolument bienveillants d'un certain nombre de lecteurs. Je passe également, par nécessité, sur les avis non formulés, silence ou embarras que je comprends parfaitement, parce que pfuiii que dire? ou comment le dire quand c'est plutôt désagréable? autant se taire. Restent les remarques critiques par blogs, par mails, de vive voix, celles qui m'intéressent le plus ici et maintenant, parce qu'elles entrent dans la délicate alchimie qui donnera peut-être naissance, d'ici quelques années, à mon deuxième roman (la pierre philosophale, j'ai renoncé).
Or donc il apparaît que ce simili-diabolique récit manifeste à la fois trop et pas assez d'ambition. Dans mon idée, il s'agissait d'écrire un roman 1) qui se lit facilement, au rythme vif, partant d'un point A jusqu'à un point B 2) avec un ton satirique à peu près constant 3) jonglant avec l'imagerie galvaudée de la figure satanique 4) proposant une vision du Mal ordinaire 5) glissant de la légèreté vers la gravité 6) qui derrière la linéarité de façade recèle une structure plus subtile 7) dissimulant l'essentiel dans les digressions 8) avec des personnages en apparence simplistes mais dotés, pour les plus importants, d'une psychologie tortueuse.
Ce qui nous donne au final 1) la possibilité de zapper les digressions perçues comme des parenthèses inutiles 2) une intrigue-prétexte policière très relâchée 3) une hésitation entre le roman "sérieux" et la joyeuse série B à deux doigts de la Z 4) des personnages fort peu attachants 5) des clichés habilement contournés pour se jeter à pieds joints dans d'autres clichés 6) une impression générale de superficialité 7) des pistes si secondaires, des résonances si discrètes et des subtilités si subtiles qu'elles ne sont aucunement perceptibles 8) une couverture orangeâtre jugée à l'unanimité hideuse (ça, à la limite, je n'y suis pas pour grand-chose).
Pour plus de détails, les critiques de Myriam (la plus indulgente), Dahlia (la plus dure), Michel (le plus virilement amical), Thaïs (la plus sympathiquement consciencieuse), Wrath (la plus chproutz). Et un grand merci également à Pibole, Christian, Thierry, Arnaud, Nathalie, Gérard, Marie-Jo, Cathie, Anne (x3), Romain et toi que j'ai oublié, puisses-tu me pardonner.
PS: pour ceux qui commenceraient à se dire qu'ils ont affaire à un hyper dépressif phase terminale, je rassure: je me sens au contraire en grande forme; le bilan auto-critique est, il est vrai, une activité peu pratiquée par les écrivants-blogueurs; je pense qu'ils ont tort.