En attendant la prochaine avant-garde
Aujourd'hui, je pensais dire un mot de cinéma espagnol, mais l'actualité brûlante nous oblige à différer nos programmes. L'heure n'est plus au badinage: des complots sont ourdis dans l'ombre des forums, des groupuscules sans état d'âme échaffaudent les plans informatiques les plus tortueux, il y a de l'embuscade dans l'air du web 2.0., et votre serviteur pourrait bien en être.
Depuis déjà quelque temps, cela n'aura pas échappé aux observateurs nyctalopes, entre deux diffamations récréatives et menaces de procès fun, la blogosphère littéraire est amenée à se poser des questions existentielles de premier ordre. Comme par exemple: la littérature est-elle soluble dans le numérique? Faut-il accélérer la révolution technologique qui induira la clochardisation de quelque 400 000 éditeurs, attachées de presse, libraires et journalistes de notre riante contrée? Doit-on ne plus déforester la planète sous prétexte que l'objet-livre va pouvoir se passer de papier? De vulgaires amateurs ont-ils le droit de faire comme si, les piteux, ils comprenaient quelque chose à la littérature? Une association composée de gens qui ne se connaissent pas est-elle viable? Peut-on raisonnablement lancer une revue qui se veut sérieuse sans l'aval de Philippe Sollers? Des wannabe fédérés peuvent-ils faire autre chose que grrrr, slurp, lol, bouh, snif, gnark? Existe-t-il encore des gens qui ont envie de lire des manuscrits sortis tout chauds des mains malhabiles d'autres gens? La qualité peut-elle jaillir, comme par magie, de la quantité?
A ces questions, nous sommes quelques-uns à répondre, dans l'ordre: Pourquoi pas? Bah oui. Hein? Oui. Oui. Oui! Oui. Pas impossible. Pas impossible non plus.
Ces réponses ne sont peut-être pas tout à fait suffisantes pour changer le monde dans les prochaines 48 heures, mais en tout cas nous nous y préparons, à la cool et avec obstination, insouciants conspirateurs du futur que nous sommes, par là-bas.